Stratégie de marché – Focus sur eJust, une Legal Tech incontournable
Par Caroline Neveux, Consultante en Stratégie – 3 questions à Anne-Sophie Reynaud CSO de eJust
Caroline Neveux : Qu’est-ce que eJust ?
Anne-Sophie Reynaud : A cheval entre les catégories « production » et « partage », puisque les plateformes fonctionnent comme une markeplace, eJust propose d’optimiser la résolution des litiges : compromis par signature électronique en ligne médiation ou arbitrage, organisation de la procédure dans le temps avec les parties, téléchargement des données, visioconférences sécurisées, gestion et archivage en ligne par tableau de bord, une fois qu’un accord est passé ou le litige tranché ; à terme eJust offrira des analyses de données sur les litiges….
eJust c’est donc une offre unique de eJustice. Cette Legaltech créée en 2014 fait figure de doyenne sur le marché. Plusieurs millions d’euros (levée de EUR 10 millions en 2015) ont été nécessaires pour « mettre sur pied » une plateforme simple d’utilisation, avec une expérience agréable et ultra sécurisée.
Aujourd’hui, nous permettons à nos clients de mutualiser ce service qui repose chez eJust sur un axiome indissociable d’une offre de eJustice en mesure de résister à la concurrence américaine :
- le droit (règlement, convention, CGS, etc.),
- la technologie (sécurité, gestion des données sensibles et personnelles) et,
- le marketing ou comment – en tant qu’avocat – insérer des clauses compromissoires dans les contrats commerciaux et être en mesure de proposer une solution de justice accélérée à son client lorsque le litige est survenu et que cela est dans son intérêt .
CN : Qui sont les clients de eJust ?
ASR : Les clients SaaS Powered by eJust en arbitrage sont français et internationaux : réseaux d’avocats, centres d’arbitrage et de médiation, chambres de commerce et groupements d’entreprises, barreaux d’avocats, etc. En médiation, ce sont les mêmes acteurs avec une possible utilisation par les médiateurs par abonnement annuel. Les grandes entreprises qui se réclament d’une transformation digitale profonde intègrent la plateforme « gestion des claims » à leur service clients pour gérer les litiges de masse. Elles se mettent par ailleurs, en place dans le BtoB pour gérer les litiges intra entreprises dans l’industrie par exemple, ou lorsque les échanges et fournisseurs sont nombreux. On peut imaginer que les tribunaux étatiques utilisent notre outil…
Sur les cas des litiges consommateurs, il n’est pas exclu qu’ils soient gérés à terme de manière algorithmique contrairement aux litiges de « type tribunal de commerce » qui eux, fonctionnent de manière traditionnelle mais en ligne.
eJust revendique quelques centaines de dossiers instruits sur la plateforme d’arbitrage majoritairement auprès de grands comptes. Si ce volume est loin des 400 000 litiges consommateurs réglés chaque année par Modria depuis plus de 15 ans aux US et désormais racheté par Tyler pour digitaliser la justice, eJust bénéficie de l’expérience européenne la plus importante en la matière.
La plateforme est commercialisée en Saas (software as a service – accessible en ligne) depuis novembre 2018 (annoncé au village de la legaltech). Nous avons depuis notamment signé un barreau au UK et un centre au Nigeria. Et parmi ces succès récents, nous sommes très fiers du lancement de madecision.com aux côtés d’Eurojuris. Concomitamment, nous avons promu la deuxième procédure fonctionnelle, largement encouragée par la loi du 23 mars 2019 de programmation 2018-2022, La médiation Powered by eJust.
Certains utilisateurs s’en emparent, non pour la procédure de A à Z, mais pour organiser et sécuriser les échanges en cas d’éloignement des parties, notre collaboration avec Eurojuris a été à ce titre enrichissante pour tester et améliorer le produit de médiation. Tout est prévu pour répondre aux principes de la médiation.
Ces plateformes permettent non seulement de désengorger les tribunaux étatiques mais également de traiter des dossiers qui ne sont généralement pas adressés aux actuels tribunaux pour des raisons de temps et de coûts évidents – 90 jours en moyenne et un premier tarif à moins de 1000€.
Il ne s’agit pas là de déjudiciariser mais au contraire de rejudiciariser les litiges que les entreprises renoncent à porter devant la justice.
Dans le cas de ma décision.com, ce sont des indépendants, TPE, PME qui peuvent bénéficier de ce service, encouragé par les avocats d’Eurojuris. Le sujet intéresse évidemment les grands comptes mais les différends visés n’impactent pas leur solidité…
Au-delà de la compétitivité des pme et cabinets français, il existe à terme un enjeu de souveraineté européenne pour le traitement des données de justice récoltées sur les plateformes. L’état doit réguler cet aspect et encourager l’usage par le vivier des legaltech, renforcer l’accès à la justice en accompagnant les changements d’usage.
Dans ce cadre, la certification de notre plateforme a été proposée par eJust à la Commission des Lois en juillet, c’est le prochain cheval de bataille afin d’assurer le respect des règles éthiques, de garantir la déontologie de la profession d’avocats et de proposer un cadre sécurisé pour les échanges entre des parties opposées, encore une fois, l’Etat aura son rôle à jouer.
CN : En quoi l’acquisition / l’usage de tribunaux en ligne tels que ceux distribués par eJust, représente un avantage stratégique pour un cabinet d’avocats ?
ASR : En bénéficiant d’outils technologique et procéduraux, l’avocat reprend possession de son pouvoir d’ester en justice.
Ces plateformes de gestion et résolution des différends commerciaux telles que celles qu’eJust installe au sein de barreaux, réseaux d’avocats, centres d’arbitrage ou encore chambres de commerce et entreprises, constitue à mon sens, un nouveau levier de fidélisation de ses clients. D’une part, l’avocat intervient sur la sécurisation en amont des contrats via une clause compromissoire en ligne et / ou de médiation sur mesure, d’autre part, lorsque le problème survient il peut lui faire bénéficier d’un service judiciaire simple, prévisible et rapide, organisé et jugé par des professionnels du droit.
L’avocat devra faire preuve de créativité pour inventer un business model attractif pour le client et se former pour être en mesure de proposer ce service.
Concrètement, la justice digitale va donner plus de travail aux avocats. Cette justice digitale va voir se présenter un nombre considérable de contentieux qui – sans la justice digitale – n’iraient pas “devant” la Justice. Grâce à la justice digitale, le palais de justice s’agrandit : il s’élevait déjà haut dans le ciel, désormais, il touche le Cloud ! Au final, c’est toute son offre de Justice aux habitants de la Cité qu’il va ainsi voir s’accroître ajoutant aux audiences physiques des salles d’audience digitales.
Présentation de eJust
Legaltech créée en 2014 par des avocats et pour des avocats, eJust contribue à la digitalisation des barreaux en France et à l’étranger. A travers la mise en place d’un tribunal en ligne – en marque blanche – à destination de ses membres, nos solutions Saas permettent la gestion et la résolution rapide et fiable des désaccord et litiges commerciaux.
Avec ses plateformes d’arbitrage et de médiation eJust permet aux avocats :
- d’être maîtres de leurs procédures,
- de proposer une alternative aux tribunaux étatiques à leurs clients pour les fidéliser ou en acquérir de nouveaux,
- d’être à même de proposer des coûts et délais maîtrisés,
- d’avoir ainsi accès à un nouveau marché de contentieux répétitifs, réguliers et de moyen enjeu pour les entreprises